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06/10/52 - Roland GAVRILOFF (Harrow Head) bataillon de Corée



06/10/52 - Roland GAVRILOFF (Harrow Head) bataillon de Corée
Extrait du livre d'Erwan Bergot "Bataillon de Corée les volontaires Français 1950-53" paru aux Presses de la cité en 1983

"Il est vrai que l'exploit était peu commun .Au cours d'une patrouille , le sergent Gavriloff
débusque un groupe ennemi.
Il s'élance , reçoit aussitôt une grenade en plein visage. Elle n'a pas encore explosée et roule à terre. Gavriloff est encore tout étourdi , mais il pense à se baisser , à la ramasser et , geste réflexe , à la relancer sur l'ennemi. Il fait mouche . Ses hommes relèveront cinq tués et six blessés.
Pour un oeil au beurre noir , observe t'il , ce n'est pas cher payé....
Gavriloff est un grand garçon au visage pointu , à l'oeil clair. Un apparence de frêle jeune homme démentie pat la sûreté du geste , la rareté des paroles, la compétence professionnelle. C'est un sapeur parachutiste , venu du 17 ème bataillon du génie aéroporté."

Le sergent-chef Roland Gavriloff sera tué à Arrow-Head le 06.10.1952



1.Posté par André Bouisson le 03/12/2022 20:48

EVOCATION DE LA CARRIERE DE L'ADJ GAVRILOFF
Baptême de la 29e promotion de l'ENSOA (St Maixent) Décembre 1968
Dont je faisais partie.

Adjudant Gavriloff
Fin 1944, les alliés viennent de libérer la Lorraine, Roland Gavriloff a assisté aux combats menés dans son pays, il fête ses 18 ans le 26 novembre.
Ardent et courageux, il a longtemps attendu le moment de participer lui-même à la lutte contre les envahisseurs, le 2 décembre, il s’engage pour la durée de la guerre. Quelques mois de combat affirment sa décision : Gavriloff s’épanouit dans l’armée, ses qualités et sa bravoure lui valent d’être nommé 1ère classe après 8 mois de campagne.
L’Allemagne capitule, il décide de faire carrière et rejoint le 8e bataillon de chasseurs parachutistes à Trêves où il est nommé caporal puis caporal-chef. Il passe son brevet à Mont de Marsan le 2 avril 1946 et suit le stage de moniteur de saut au Camp d’Idron. Il est nommé Sergent, il a 20 ans.
Ce jeune chef calme et réfléchi, entraineur d’hommes, a un goût prononcé pour les choses techniques, aussi est-il muté à la compagnie de Génie de la 25e division aéroportée. Volontaire pour l’Indochine, il part pour le Tonkin à la base aéroportée Nord. Pendant deux ans, il s’impose par ses connaissances techniques, son ardeur inlassable, son courage et son autorité. En 1948, il est parachuté au cours des opérations Mai-Su, Vietri et Tra-Chau. Toujours en tête pour assurer les déminages et les destructions et permettre le passage de nos troupes. Les citations à l’ordre du corps d’armée qu’il obtient à ce moment-là affirment qu’il « a soulevé l’admiration de tous ». L’année suivante, il se signale encore au cours des opérations Canigou, Junon et Diabole.
En 1950, il saute sur le poste encerclé de Nghia-Lo ; il participe au dégagement de Caobang où écrit le ministre de la défense nationale « Il se révèle le type parfait du chef d’escouade du génie d’assaut.
Lorsque le sergent-chef Gavriloff quitte l’Indochine en octobre 1950, il a une palme et quatre « clous » à sa croix de guerre.
Revenu en France, Gavriloff travaille. Il obtient le CIA avec 16,08 de moyenne et le brevet d’arme 1er degré avec mention.

Décembre 1951. On se bat en Corée du sud contre l’envahisseur chinois. Gavriloff est volontaire. Il rejoint le bataillon français de l’ONU, est affecté à la fameuse compagnie de pionniers, la plus belle du bataillon écrira Jules Roy qui ajoute : « Gavriloff ce Lorrain avait une belle tête dont les cheveux blonds coupés en brosse et un masque maigre accentuaient l’énergie. Il parlait peu et réfléchissait beaucoup. Il avait beaucoup de bon sens et d’expérience.
3 octobre 1952, le bataillon monte en ligne. Les pionniers s’installent en défensive sur la côte 281 : il n’est pas question de décrocher. Le 4 octobre, les chinois bombardent la position. Le 5 : nouvelle canonnade. Les pionniers experts en explosifs, sentant l’attaque proche, fortifient leurs positions. Le 6 un orage de fer s’abat sur la côte 281 qui parait flamber. Derrière leurs sacs à terre les mitrailleuses attendent l’assaut de l’ennemi. Gavriloff a encore le cœur à plaisanter. Un dernier convoi de vivres et munitions passe, puis les Chinois suspendent leur tir de préparation et attaquent. La colline tenue par les Français sort de son nuage « fumante et labourée ». Les mitrailleuses crépitent. Les assaillants attaquent en hurlant. Ils sont fauchés. D’autres groupes les dépassent, ils sont à leur tour cloué sur les barbelés et les mines. De nouvelles vagues arrivent. La position est submergée. Les pionniers se défendent à la grenade. Les blockhaus de Gavriloff sont les derniers à résister, ils sont envahis à leur tour ? Gavriloff se bat au corps à corps avec un Chinois et s’écrase avec lui au fond d’un ravin.
Alors, la côte 281, un instant conquise par les Chinois, explose sous l tir d’artillerie de 250 tubes des105 amis.
Elèves sous-officiers de la 29e promotion, telle fut la carrière de l’adjudant Gavriloff qui reçut la médaille militaire à titre posthume.

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