Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

Pourquoi les Français ont du mal a estimer les soldats et leur armée.

L’éminent historien Henri AMOUROUX de l’institut est décédé le 5 aout 2007. L’Association « Les enfants et amis de Henri AMOUROUX nous ont aimablement autorisé à publier ici son dernier article. Cet article, corrigé quelques heures avant sa mort n’a jamais été publié. Il donne une explication que je laisse le soin à chacun de découvrir sur le « mal du Patriotisme » qui règne en France.



Article posthume de Henri Amouroux.


L’article s’intitule « Ne retrouvons pas la 7ème Compagnie » 


« J’en fais l’aveu. Je n’avais jamais vu – je dois être une exception – « On a retrouvé la 7ème Compagnie », film qui date de 1975, interprété par Pierre MONDY, Jean Lefebvre, Guibet et qui, du spectacle de la plus grande défaite jamais subie par la France, a fait crouler de rire les salles ou devant écran de télévision des millions de français. 


Peut-être ce que j’écris est-il vieux jeu, bêtement patriote, mais cette caricature de l’Armée française,  de ses officiers, de ses soldats, rediffusée pour la énième fois par TF1 m’a accablé de honte. On dira qu’il s’agit d’une plaisanterie et que nul ne s’y laissera prendre. Est-ce si certain ?



Pourquoi certains ne prendraient-ils pas ces grotesques en uniforme qui s’agitent et qui, même lorsqu’ils tentent de s’évader, sont ridicules, pour les figurants de l’histoire vraie de mai et juin 1940 ?




Afin que rien n’y manque, le réalisateur a montré une jeune femme se laissant peloter par trois allemands vainqueurs…et regrettant visiblement qu’ils ne prolongent pas leur visite. C’est la collaboration horizontale…avant que le mot soit créé.



On peut rire et se moquer de tout bien sûr – c’est même recommandé par certains – mais le rire et la moquerie ne font-ils pas oublier la vérité ? Et dans le cas de la 7ème Compagnie ne donnent-ils pas à la génération de ceux qui ne l’ont pas vécu – les plus nombreux – une fausse image de l’histoire. Sans doute y a-t-il – surtout à partir du 16 juin 1940 – des redditions massives explicable par l’annonce de la demande d’armistice, sans doute des unités ont-elles abandonné très rapidement leurs positions, sans doute des officiels ont-ils pris avec leur femme ou leur  maîtresse, très tôt, la route de Bordeaux, mais dérobades et lâcheté peuvent-elles faire oublier que 80 000 soldats français (au moins NDLR) sont morts au cours d’une offensive allemande de mai-juin qui dura 5 semaines.

Et que ce chiffre – 80 000 – représente pour cinq semaines, une « cadence », je mets le mot entre guillemets, plus élevée qu’en 1915, 1916, 1917, 1918 pour le même laps de temps évidemment. 


Lorsque le Lieutenant de Vaisseau Draux se met en place avec ses 97 hommes dans le secteur de Saint-Lô-d’Ourville, lorsque ses camarades Allary près de La Haye-du-Puits avec un canon de 75 et une section de mitrailleuse, Cars avec ses 29 marins et une poignée de fantassins à Haut-Marnie-la-Sangsurie, croient-ils vraiment pouvoir arrêter la marche des blindées de Rommel en direction de Cherbourg ?



Lorsque le Sous-Lieutenant Raphenne décolle le 24 juin pour une de ces missions d’observation inutiles dont Saint-Exupéry a si admirablement parlé dans « Mission sur Arras », ne sait-il pas (alors qu’il va être abattu) que, l’armistice signé, le cessez-le-feu sonnera dans quelques heures ? 


Et les soldats de la ligne Maginot, entre Sarreguemines et Saint-Avold résistent non seulement à un terrible bombardement mais refusent, l’armistice signé, de cessez-le-feu avant d’en recevoir l’ordre d’une mission française venue de l’extérieur, pourquoi le faisait-ils sinon pour l’honneur ?



Comme marchaient pour l’honneur, en direction de ce qui n’était pas encore la zone libre mais la zone où les combats se poursuivaient, des hommes promis à un grand destin, Pierre Messmer, Henry Frenay, Pierre Brisson ou des inconnus … 


La défaite de 1940 reste l’un des plus grands drames de toute notre histoire.



Peut-on rigoler à son sujet ?  Beaucoup le croient qui ont pris plaisir à la pantalonnade des hommes de la 7ème Compagnie. 
Mais je n’imagine pas les Allemands réalisant sur leur défaite un film identique. 


Mais peut-être n’ont-ils pas le sens du comique ? » .



Henri AMOOUROUX, publié après sa mort dans le bulletin de l’AASSDN (Amicale des Anciens des Services Spéciaux et de la Défense Nationale » de décembre 2008.



Avec l’aimable autorisation du Colonel DEBRUN Président de l’AASSDN et des enfants de Monsieur Henri AMOUROUX 





Les ouvrages suivants vous sont proposés à titre d'orientation bibliographique, pour approfondir sur la campagne de 1940, la liste est bien sûr non exhaustive. 


-Week-end à Zuydcock (Robert Merle)



-La dernière Brigade (Maurice Druon)



-L’Oficier sans nom (Guy des Cars)



-60 jours qui ébranlères l’ocident (Jacques Benoist-Mechin)