Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

13 Novembre 2015 "Attentat du Bataclan" : Le jour d’après

Plus de 125 morts, près de 400 blessés dont 90 dans un état critique…
Au moins 3 équipes de 3 terroristes, un mode opératoire inédit en France (Kamikaze) et des assaillants, pour la plupart, français nés en France…
Apres le temps du choc et de l’émotion, puis du deuil, quelle suite donner à une telle déflagration que tout le monde redoutait ?
Des éléments de réponse pourraient s’articuler autour des axes suivants.



Mener une guerre totale :
Le Président en décrétant l’état d’urgence, reconnait que notre pays est en guerre. Pour lutter efficacement dans cette situation exceptionnelle, l’Etat se donne donc des moyens légaux renforcés pour assurer la sécurité des Français. Comme l’évoquait Ludendorff « la guerre doit être totale (économique, psychologique, idéologique, subversive, politique, diplomatique…) et doit mobiliser toutes les réserves de l’Etat ».
 
Prendre nos responsabilités et s’engager individuellement :
Ce qui change avec les attentats du 13 novembre, c’est que désormais chacun de nous est une cible par le seul fait d’appartenir à la Nation Française ou de résider sur son sol. Nous sommes donc tous impliqués dans cette « guerre totale », dans cette lutte globale. Nous ne pouvons céder sur aucun de ces aspects, nous ne pouvons pas nous permettre la moindre concession ni perdre le moindre pouce de terrain.
Chaque citoyen français doit adopter une démarche responsable et contribuer à « l’effort de guerre » qui n’est plus la seule affaire des militaires ou des policiers. Il s’agit pour chacun, d’opérer une véritable révolution intellectuelle et un changement de posture. Les médias, les intellectuels et les dirigeants doivent prendre leur part de responsabilité en refusant toute complaisance avec ceux que nous avons désignés comme nos ennemis.
 
Désigner l’ennemi :
Il va donc falloir nommer clairement cet ennemi, le désigner, afin de pouvoir l’éliminer. Devant le congrès des maires de France le 18 novembre, et pour la première fois, le Président de la République a parlé de « djihadisme islamiste » regroupé au sein d’une « armée » présente du Levant à l’Afrique du Nord et désormais sur notre territoire la France.
 
Une guerre asymétrique sur 2 fronts :
Aujourd’hui, notre pays va devoir mener une guerre asymétrique sur deux fronts.
Un front extérieur multiple représenté par les OPEX (opérations extérieures) ; et un front intérieur en métropole les OPINT (opération Intérieure « Sentinelle ») face à des terroristes dont il ne faut pas sous-estimer la puissance et la détermination (cf. les arrestations du 16 novembre , et l’assaut du 18 novembre en Seine Saint Denis).
 
L’Etat doit protéger notre pays à l’extérieur, c’est le rôle des forces armées, et protéger notre pays de l’intérieure, c’est le rôle des forces de police et de gendarmerie. Devant l’ampleur des moyens à mettre en œuvre il faut augmenter nos capacités humaines en envisageant, soit le rappel de réservistes opérationnels, soit la création, comme le propose le Président de la République, d’une Garde Nationale afin de venir en appui aux forces de police.
 
Changer de posture de combat
De tels moyens permettraient de dégager des effectifs afin de reprendre l’initiative pour imposer une guerre de mouvement à l’ennemi. En effet, celui-ci nous a piégé dans une guerre statique, de position, que nous devons au plus vite abandonner.
Comme le préconisait Sun Tzun dans son « Art de la Guerre », les islamistes nous ont emmenés sur leur terrain nous rendant ainsi plus vulnérables.
L’opération Sentinelle de maintien de l’ordre devant les sites sensibles, épuise nos ressources et incite nos ennemis à se reporter vers des cibles moins protégées comme des salles de concert ou des stades de foot… Vigipirate ne sert à rien, «c’est de la communication de sécurité publique».
 
Combattre le mal à la racine en France et envisager une intervention au sol
Il convient donc de reprendre l’initiative en imposant une dynamique de mouvement à nos ennemis pour les obliger à « sortir du bois » en France et à l’étranger.
 
Nous devons leur imposer notre tempo. Pour cela, il va falloir mener deux actions.
 
Une action « extérieure », par une intervention au sol dans le cadre d’une « coalition » internationale avec les Russes, les Iraniens, les Européens, les pays Arabes et les Américains.
Une action « intérieure » d’envergure visant à pénétrer dans les « territoires perdus de la République » car c’est là que se finance le terrorisme islamiste par l’économie parallèle du trafic de drogue, du commerce des armes et du crime organisé.
 
C’est aussi dans ces quartiers qu’opèrent en toute discrétion à l’ombre des lieux de culte, les manipulateurs, véritables « sergent-recruteurs » de Daesh.
 
Paradoxalement c’est l’action intérieure qui sera la plus longue et la plus difficile à mettre en œuvre et qui demandera le plus de moyens. Mais c’est la seule qui nous permettra de retrouver une bulle de sécurité intérieure. Dans cette « guerre totale », certains modes opératoires et organisationnels ont fait leur preuve par le passé. Il convient de s’en inspirer tout en limitant les atteintes aux libertés individuelles dans les circonstances que nous connaissons.
 
Entre Liberté et sécurité… l’équilibre est fragile, il conviendra de faire des concessions. Le sujet est au cœur du débat qui secoue l’opinion publique française.
 
Se réapproprier les concepts de contre-insurrection et d’action psychologique :
Les modes opératoires de la « contre-insurrection » et la « contre-influence », passent par l’action psychologique et le renseignement.
 
Ces concepts utilisés dés la Guerre d’Indochine et théorisés par des officiers français tels le Général Gambiez, les Colonels Lacheroy, Trinquier, Galula … sont à l’origine d’une « instruction provisoire sur l’emploi de l’arme psychologique » qui mise en œuvre par le biais du « 5ème bureau d’action psychologique » a permis à la France, des succès significatifs pendant la guerre d’Algérie épargnant ainsi de nombreuses vies humaines.

Condamner les complaisances, criminaliser le salafisme :
Nous devons réapprendre à créer des réseaux, des filières d’informateurs afin de débusquer cet ennemi intérieur. Sans quoi il refrappera inéluctablement. A ce titre, dans ce contexte de guerre asymétrique, les complaisances coupables d’une partie de nos « élites intellectuelles » doivent désormais être très fermement condamnées et le prosélytisme salafiste criminalisé.
 
Se doter d’un « Patriot Act » pour la France :
Enfin si l’on veut conserver notre mode de vie, il va falloir modifier notre comportement et peut-être conviendrait-il enfin, d’envisager un véritable « Pacte patriotique» français dont l’Etat d’urgence n’est d’ailleurs qu’une version à durée déterminée.
 
Rédigé par David HORNUS

David HORNUS est un spécialiste de la sécurité des entreprises, de la gestion des risques et de la négociation de crise.
 
Il est titulaire d'un 3ème Cycle en "stratégie d'intelligence économique" de l'Ecole de Guerre Économique (1999) et d'un diplôme en "stratégies, analyses et prospectives des mondes méditerranéens" (2022) de l'Université de Toulon.
 
Expert en intelligence et sécurité économique, il dirige aujourd’hui VIGILANTIS et s'engage depuis plus de 15 ans à préserver les intérêts de ses clients, à les protéger de la criminalité économique sous toutes ses formes.
 
Négociateur dans le cadre de polices d'assurance "risques spéciaux" pour un leader mondial de la gestion des risques, il a été déployé sur plusieurs dossiers de haute intensité qui l'ont conduit sur les principales zones de crise.
 
Il est l'auteur d'une " contribution territoriale sur le continuum de sécurité " (juin 2020) et de " Danger Zone : Témoignage d'un professionnel de la gestion de crise " aux éditions Balland (mai 2022).
 
Officier de réserve il est titulaire de la Croix du combattant volontaire pour les opérations extérieures.