Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

10/06/45 - Colonel Lucien CERISIER (51 ans) 64eme RAA



10/06/45 - Colonel Lucien CERISIER (51 ans) 64eme RAA

Discours  du Colonel SEVRIN aux obsèques du Colonel CERISIER

Le Colonel CERISIER est né à FONTAINEBLEAU en octobre 1894, il s’engage en 1912 à l'âge de 18 ans à CHERBOURG au 50° Régiment d’artillerie. En mai 1914 il est nommé sous-officier. La guerre ne le surprend pas mais lui permet immédiatement de donner  sa mesure de soldat et de chef puisque dès le 14 septembre il est cité à l’ordre du Corps d’armée, quelques jours après, en octobre, il est cité à l’ordre de l’Armée et décoré de la Médaille Militaire  avec le motif  suivant :


"A fait preuve en de nombreuses circonstances d’une hardiesse et d’un courage remarquable en sollicitant  des missions périlleuses qu’il a pu mener à bien"

Missions périlleuses certes puisqu'il porte sa pièce sur la ligne des tirailleurs et il faut se rappeler ce qu'étaient les combats d'infanterie en septembre 1914 pour comprendre la valeur et la grandeur de ces lignes dans leur sobriété.

Après avoir suivi un cours de perfectionnement  il est promu Sous-lieutenant dans l'artillerie de tranchée en juin 1916 et c'est comme officier  de "crapouillots"  qu'il finira la guerre, blessé le 1° novembre 1918  et titulaire de la Médaille  Militaire et de sept  citations.

La paix revenue, la vie de garnison ne le tente pas et il part en Pologne où il reste d'avril 1919 au 20 septembre 1920. Il rejoint  le 40° Régiment d'artillerie à CHALONS.

En 1921, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur couronne ses beaux états de services.

La période de 1920 à 1929 est résumée comme suit dans son dossier :

"Officier  d'artillerie  de haute classe, manoeuvrier  dans l'âme, ayant  un sens remarquable  du terrain,  organisateur  et chef  d'immense prestige, tireur hors ligne."

C'est en 1939 qu'il est affecté an A.F.N. pour prendre le commandement  d'un Groupe qu'il conduit sur le front  tunisien  prêt  à remplir comme son chef la mission  de sacrifice qui lui est confiée.

Il est fait Officier de la Légion d'Honneur en septembre 1940 et rentre  à TUNIS la mort  dans l'âme mais non abattu.  Ce chef, ce beau soldat n'a pas perdu la foi.  A TUNIS d'abord, à TLEMCEN ensuite  de 1940 à 1942  il sait inculquer à tous ses brillantes qualités et faire de son unité  la plus manœuvrière et la plus ardente  du Régiment.

En décembre 1942, il est promu Lieutenant - Colonel et affecté comme adjoint  à l'AD/4 qu'il ne quittera que pour prendre le commandement du 64° Régiment d'Artillerie d'Afrique en novembre 1944 alors que son régiment  demeure  organiquement  à l'AD/4.

La période de préparation  de 1943 lui permet de donner sa mesure, les unités qu'il prépare sont dignes d'un tel Chef, la Campagne d'Italie verra  le couronnement  de ses efforts, et il jouera un rôle particulièrement  important.

Deux nouvelles citations l'une à l'ordre de l'Armée, l'autre  à l'ordre du Régiment qui lui a été attribuée par le 6° Régiment de Tirailleurs Marocains en même temps qu'il était nommé Caporal  d'Honneur  de ce beau Régiment. "ces deux plus beaux titres  de gloire, disait-il."

"Commandant le groupement d'appui direct du 6° R.T.M. notamment  dans la phase de rupture du 11 du 13 mai 1944, s'est acquis de nouveaux titres  à l'amitié,  à la confiance et à la reconnaissance du régiment  par sa compréhension  immédiate des situations difficiles, par son souci constant de satisfaire  effectivement  au mieux et au plus tôt,  les demandes des fantassins, et par  sa volonté  continuelle d'assurer, personnellement  ou par l'intermédiaire  d'Officiers  de qualité, la liaison  Groupement  d'Artillerie - Régiment  d'Infanterie  dans les circonstances tactiques les plus délicates et malgré un terrain particulièrement  difficile. Pour une part  très importante, a contribué à l'heureuse issue des combats  menés par le Régiment."

p.o. le 30 juin 1944

le Colonel CHERRIERE Commandant le 6° R.T.M.

signé CHERRIERE

Ce fut la campagne de FRANCE, il  peut à nouveau fouler le sol de la Patrie, et contribuer  à la libération du Pays.

Arrivé à MULHOUSE sa santé laisse à désirer, il est contraint  et forcé au repos et c'est à TLEMCEN, auprès des siens qu'il apprend l'armistice, que ses voeux sont comblés, lui qui n'a  jamais désespéré.

Malgré sa fatigue, il veut revenir à son Régiment, il veut faire de l'occupation . Tous ceux qui le connaissaient  comprenaient  ses sentiments, mais le vieux et fier soldat n'était plus le grand Lieutenant  de CHALONS, le solide Colonel  d'ITALIE. Ses amis étaient parvenu  à lui faire  comprendre  qu'il  devait  se reposer, mais trop  tard , hélas .




Le Colonel Lucien CERISIER est  décédé  à Feldkirch, le 10 juin 1945




"MORT POUR LA FRANCE"




Signé : SEVRIN


10/06/45 - Colonel Lucien CERISIER (51 ans) 64eme RAA
Insigne du 64eme Régiment d'Artillerie d'Afrique

10/06/45 - Colonel Lucien CERISIER (51 ans) 64eme RAA
Insigne de la 4eme Division Marocaine de Montagne