31/05/61 - Jean-Pierre BRULARD (24 ans)

C’est dans le but de satisfaire aux dernières volontés du sous-lieutenant Jean-Pierre Brulard de la promotion « Capitaine Claude Barrès), mort au champ d’honneur,le 31 mai 1961, que le sous-lieutenant Grimaldi d’Esdra, chef de S.A.S. de la promotion « Reggan », stage 002, nous rapporte en quelques lignes bouleversantes, ses derniers instants

Le 31 mai, alors qu’il effectuait une ouverture de route, le sous-lieutenant Brulard sautait sur une mine, un obus de 105.



 
Brulard avait eu les deux jambes sectionnées net à la hauteur des genoux, des éclats multiples dans le bas ventre, les yeux sérieusement touchés. Il était resté très lucide, oh ! Combien, mais souffrait d’une façon effroyable, en silence. Je restais à ses côtés en attendant l’arrivée de l’hélicoptère qui devait l’évacuer sur El-Milia. La première chose qu’il devait me dire c’était de vous écrire pour vous faire part de sa reconnaissance.
Mais de sa souffrance, il n’a rien dit.

Malgré cette souffrance il conservait une attitude exemplaire.
En effet, il me demandait si personne n’avait été blessé, si sa carabine avait été récupérée ; enfin il me demandait de prendre la clef de l’armement qu’il avait sur lui pour que les gars de sa section n’aient pas de difficultés pour remettre leurs armes au râtelier le soir. Pourtant avant que le toubib n’arrive avec le « ventilateur » son moral était assez bas, mais dès qu’il eut reçu piqûres de camphre et de morphine il me dit : « Ah ! Je vais mieux, maintenant je veux vivre ».


Le sort devait en décider autrement et à tout prendre je pense que, compte tenu de son état, c’était la meilleure chose qu’il puisse lui arriver en raison de ses terribles blessures. Mais jamais, et ce pendant une longue demi-heure de souffrance, Jean-Pierre Brulard n’a eu une parole amère. Dirai-je plus, il a soulevé l’admiration de tous les gars de sa section parmi lesquels beaucoup pleuraient.


Brulard était au 43e B.I.M.A. dans l’arrondissement de Collo depuis 15 jours à peine.
Tout le monde ici avait été frappé par son dynamisme, son entrain. De plus, même les musulmans d’ici commençaient à lui accorder leur sympathie.
 

Sous-lieutenant Grimaldi d’Esdra


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