05/11/56 - Sergent Louis BELLON (29 ans) 2eme RPC



Louis BELLON, second dʼune famille de trois enfants, est né le 27 avril 1927 à Sfax en Tunisie.
Avant la guerre, il découvre, avec le scoutisme, lʼuniforme et la vie en collectivité. En avril 1943, Louis a 16 ans. A lʼimage de son frère aîné qui vient de rallier les Forces Navales Françaises Libres, lʼadolescent décide à son tour de sʼengager pour la durée de la guerre dans les FFL. En octobre, il rejoint lʼAngleterre où il ne tarde pas à être breveté parachutiste et à suivre lʼentraînement des commandos Special Air Service au sein de la 2e compagnie du 3e Bataillon dʼInfanterie de lʼAir.

Le 5 août 1944, avec son unité, désormais connue sous le nom de 3e SAS, il est parachuté dans la région de Plougastel-Daoulas, dans le Nord-Finistère. Cʼest lʼopération « Derry » : le but est dʼouvrir la route à la 3e Division dʼInfanterie américaine en harcelant les garnisons allemandes entre Morlaix et Brest et en fournissant une assistance à la Résistance locale. Le stick de BELLON est plus particulièrement chargé de prendre Plougastel. Les FFI bretons demandent à servir auprès
des commandos, mais ils nʼont pas dʼarmes. Quʼà cela ne tienne ! On attaquera la kommandantur
de Daoulas à un contre trois pour sʼen procurer ! Dans lʼassaut, BELLON est blessé. Cela ne lʼempêche pas, peu après, de figurer parmi les libérateurs de Landernau. Il y demeurera un temps
à lʼhôpital afin de soigner sa blessure. Mais lʼinaction lui pèse : avant sa complète guérison, il rejoint
par ses propres moyens son unité en Angleterre.

Le 27 août, BELLON prend part à lʼopération « Abel » : il est parachuté dans le Doubs, près de la frontière suisse, dans le but de renforcer la Résistance et de préparer le terrain pour la 1re Armée française qui progresse en direction de la trouée de Belfort. Puis, à partir de septembre, les commandos du 3e SAS sont utilisés comme éclaireurs dans la région des Vosges. En décembre,
alors que lʼunité de BELLON est au repos en Champagne, un accident dʼauto contraint ce dernier
au repos forcé jusquʼà la fin de la guerre. En janvier 1945, pour lʼensemble de ses faits dʼarmes lors
de ses missions SAS, BELLON est cité à lʼordre de lʼarmée.

En 1946, il retourne à la vie civile. En 1949, il est promu au grade de sergent de réserve. Très sportif, il continue à sʼentretenir en pratiquant le judo, la natation et le parachutisme. Surtout, après avoir repris des études à la Faculté de Droit de Paris, il suit brillamment le cursus de lʼInstitut dʼEtudes Politiques, puis de lʼEcole Nationale dʼAdministration. A la sortie de celle-ci, en juillet 1955, il occupe la fonction dʼadministrateur territorial dans lʼAtlas marocain, puis, à partir dʼaoût 1956, celle de directeur de cabinet du préfet de Tizi-Ouzou, en Algérie.

Lorsquʼen 1956, la France et la Grande-Bretagne préparent lʼ« opération Mousquetaire » pour conquérir le canal de Suez, BELLON profite de ses congés pour se porter à nouveau volontaire : il choisit le 2e Régiment de Parachutistes Coloniaux du colonel Chateau-Jobert. Lʼopération a pour
but de faire plier lʼEgypte du colonel Nasser qui, dʼune part, menace la liberté de navigation internationale sur le canal et, dʼautre part, apporte son soutien au Front de Libération National algérien.

Fin octobre 1956, le sergent BELLON rejoint son régiment dans lʼîle de Chypre où celui-ci vient dʼêtre positionné. Les parachutistes y suivent, durant une semaine, un entraînement intensif.

Enfin, le 5 novembre au petit jour, les premiers Nord-Atlas commencent leur largage sur lʼEgypte, au-dessus de Port Saïd, à moins de 150 mètres dʼaltitude. Il sʼagit de contrôler le pont dʼEl Raswa et lʼusine des eaux. La 1re Compagnie, celle de BELLON, est prise à partie, dès son parachutage, par des tirs dʼarmes automatiques venant du nord de la DZ. Le sergent BELLON est tué presque aussitôt après avoir atteint le sol alors quʼil se déséquipait. Il ne verra pas le largage de ses camarades au sud de Port Fouad, sur lʼautre rive du canal, durant lʼaprès midi. Le lendemain, les Franco-britanniques débarquent dans les deux ports au cours dʼune opération amphibie. Le surlendemain, les Egyptiens demandent le cessez-le-feu. Le sergent BELLON obtient la Croix de guerre des Théâtres dʼOpérations Extérieurs avec palme à titre posthume.

Chevalier de la Légion dʼhonneur, médaillé militaire, ce sous-officier parachutiste laisse derrière lui l'image dʼun combattant discipliné, volontaire, sportif et courageux mais aussi lʼimage dʼun brillant haut fonctionnaire. Le sergent BELLON, surnommé par ses frères dʼarmes SAS « le patriote », restera à coup sûr dans les mémoires comme un grand serviteur de la France. Il mérite dʼêtre cité en exemple auprès des jeunes générations.

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