Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

Plaidoyer pour vos soldats

Le général de corps d’armée, commandant des forces terrestres, réclame davantage de reconnaissance de la part des Français l’égard des volontaires qui s'engagent sur le terrain.



Puisse le Général Hervé CHARPENTIER être entendu !

Plaidoyer pour vos soldats

Citation intégrale de l'article écrit par le Général HERVE CHARPENTIER Commandant la Force d'action terrestre.

Parue dans Le Figaro à du 2 juin 2011 (Mardi, 07 Juin 2011 15:32)


 

En Afghanistan, en Afrique, partout où je rencontre nos soldats en opération, je croise de jeunes héros. Ils sont bien de notre temps, mais vous les côtoyez souvent sans les voir, car ils ressemblent banalement à tous ces jeunes de France, qui vivent dans nos villes et nos campagnes.

Ni lansquenets, ni bêtes de guerre, ils sont vos enfants, vos voisins, et aussi des jeunes filles et de jeunes mamans que l'on reconnaît mal sous le casque et le gilet pare-balles.

Beaucoup ont une famille, qui partage ce métier sans l'avoir choisi, au gré des mutations et des absences, sans espérer grand-chose en retour, sinon la considération et le soutien de leurs concitoyens, quand un drame survient.

Ils portent les armes de la cité en votre nom, et chaque jour s'en servent, où vous les envoyez. Car leur métier est bien la guerre, même si pour bien en mesurer le coût, ils chérissent plus que tout la paix...

Ils acceptent de payer le prix du sang, l’épreuve de la blessure. Mais, disent-ils, s'ils deviennent invalides, alors que ce soit "de guerre". Leur plus grande crainte est d’être un jour, regardés comme des victimes, maladroites ou incompétentes, qu'on aurait bernées dans une mauvaise aventure... Car même au fond d'un lit d’hôpital, leur silence et celui de leurs proches ne doivent pas faire oublier qu'ils sont fiers et soucieux de leur honneur.

Ils croient que la mission est sacrée, et qu'une vie peut lui être consacrée. Ils savent confusément qu'il n'est pas inique que l'individu se donne, corps et âme, à la collectivité. Ils y verraient même une certaine noblesse, ou un trait qui les distingue et les grandit, et c'est pour cela qu'ils ne sont pas des mercenaires. Mais ils le deviendront quand la cité ne les reconnaîtra plus pour cette singularité !

Les soldats ont le tort d’être pudiques, quand il faut se vendre. Celui de ne pas être compris, parce qu'ils s'expliquent trop peu, se réfugiant dans un silence qui préserve les familles et évite les malentendus.

Il est si difficile de témoigner de nos épreuves sans le recul du temps !

Mais quand bien même ils parleraient, pourquoi écouterait-on, quand rien n'y oblige, ceux qui finalement incarnent le tragique de la vie ? La mort leur colle à la peau alors que la société l'a rayée de son quotidien.

Pourtant, il n'est de héros sans légende.

Et il suffirait ici de dire les faits, dans leur brutale simplicité. De considérer qu'en dehors de toute option politique le sacrifice d'un jeune Français pour les siens est une valeur en soi digne d'intérêt.

Qui pourrait le faire, sinon les médias ? A de rares exceptions près - quelques émissions tardives, et d'excellents articles, si l'on cherche bien - c'est plutôt le silence qui règne, toujours moins cruel cependant que les quelques mots qui expédient nos pertes - chaque semaine - entre page judiciaire et météo du lendemain.

Alors quoi, finalement ?

Notre société, si évoluée avide de libertés et de loisirs, a-t-elle encore besoin de héros, et de légendes ?

Chacun connaît la réponse. Les jeunes Français sont capables de donner vingt noms de footballeurs et chanteurs en tout genre devenus icônes de leur quotidien en délivrant le message de la célébrité et de l'enrichissement.

Combien d'individus qui - quel que soit leur métier - ont choisi de consacrer leur vie aux autres ?

Ces gamins de 20 ans qui offrent leur vie quand la République le demande mériteraient cette reconnaissance !

Mais ils ne font pas fortune. J'ai la faiblesse de croire qu'ils constituent cependant la plus précieuse de nos richesses, toute d’humanité, de chair et de sang.

Nous aurons toujours besoin de ces jeunes hommes et femmes pour ce métier de soldat, qu'aucune machine ne fera à leur place. Qui peut croire que la guerre devienne un jour l'affaire de robots commandés à distance par les « riches », contre des « pauvres » à la poitrine nue ?

Aucune démocratie ne le supporterait. Les hommes sont condamnés à rester l'instrument premier du combat. Mais en trouvera-t-on encore longtemps pour porter nos armes ?

Rien n'est moins sûr, si nous continuons à ignorer l'histoire de nos héros, qui est aussi celle de notre pays s’écrivant sous nos yeux. Rien n'est moins sûr, si la nation n'y reconnaît pas ses fils et persiste à refuser une considération qu'ils n'osent même plus solliciter, dans la cacophonie de ceux qui exigent tout et n'importe quoi.

Une société "fabrique" ses défenseurs en leur offrant une place et une reconnaissance particulières. Elle génère, au sens propre, les volontaires qui feront le choix des armes malgré des contraintes exorbitantes. Un choix rationnel, qui n'est pas seulement la réponse à l’irrésistible appel d'une vocation.

Prenons garde que ces volontaires ne deviennent les victimes silencieuses d'un pays qui ne se rappellerait plus ni leur mérite, ni leur utilité, ni même d'avoir un jour exigé leur sacrifice. Nous ne les trouverions simplement plus.

 

Général Hervé CHARPENTIER







1.Posté par Ri-Bond le 13/07/2011 15:03

"Les jeunes Français sont capables de donner vingt noms de footballeurs et chanteurs en tout genre devenus icônes de leur quotidien en délivrant le message de la célébrité et de l'enrichissement. " En clair, la perte totale des valeurs. Mais ni les jeunes ni les autres n'en ont que faire. A l'heure où 5 autres de nos camarades viennent de tomber au combat, sans oublier les blessés, je ne pense pas que la nation s'en émeuve. On entend toujours de nos compatriotes : "ils ont choisi...". Et en même temps on continuera le cinéma médiatique de la libération de journalistes. Il est à mon sens impossible de changer ces choses car ceux qui s'expriment ou agissent de la sorte sont ceux qui ne seront jamais concerné ou qui tiennent "le micro". Les autres, les silencieux, encaissent. C'est notre société.

2.Posté par Mysti2 le 16/07/2011 12:07

Merci Général de parler ainsi pour nos soldats, de les aimer, c'est rassurant.
Mon fils était soldat et est parti en Afghanistan. Il en est revenu mais j'ai eu si peur lors d'un attentat que depuis, même s'il n'est plus là-bas, j'ai peur pour les autres soldats, pour leurs familles. C'est comme si ces soldats étaient aussi mes fils, ils sont ceux de la France...mais elle est bien mauvaise mère parfois !
On aurait besoin d'entendre parler comme vous le faites. La guerre est douloureuse mais quand on comprend mieux ce qui se passe, on peut , si ce n'est "accepter", on peut "approcher" l'inacceptable.
On a vraiment un problème de valeurs dans ce pays et c'est vrai que le comportement des journalistes vis à vis de leurs collègues otages a été révélateur. Ils orientent l'information selon leurs priorités et non celles de la France.C'était très choquant.
Ces soldats partis, on ne les oublie pas mais hélas, la reconnaissance ne leur redonne pas vie. Que les blessés puissent se relever et vivre sans trop de douleurs qu'elles soient physiques ou psychologiques...et que la France ne les oublie pas !
Soutien et reconnaissance à eux, à leur famille.

3.Posté par marie le 17/07/2011 22:58

je suis maman de deux militaires et il y a deux ans quand l'un est rentré d'afganistan l'autre y partait, j'ai eu peur pour eux. Un des deux est reparti en mission dans un autre pays pour le changement de président tout s'est bien passé pour lui. Il est en france mais doit bientôt repartir. mon autre fils reste en france pour le moment. Quand j'ai appris la tragédie qui a frappé ces 6 militaires j'ai pensé à leurs familles à leurs parents leurs collègues, je ne digère pas les paroles de madame joly ainsi que le soutien que lui apporte certains de ses collègues . Lors des dernieres guerres les militaires ont été aidés et ont aidé le peuple français à lutter cote à cote contre l'envahisseur donc nous avons un passé militaire alors que cette personne se taise car elle fait un affront à tous nos morts d'aujourd'hui et d'hier. Se présenter pour être élu et dire de telles choses ça me refroidit d'aller voter pour ces gens là. J'aimerais que l'on parle aussi des nombreux blessés car les morts reposent en paix mais les blessés souffrent et on ne doit pas les oubliés.

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