Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

La Legion parle aux Français !

Suite au décès du légionnaire Robert HUTNIK (tué le 8 avril 2010), un Capitaine commandant d'unité du 2eme REP lance depuis Tora-Bora en Afghanistan une supplique aux journalistes pour que ceux-ci contribuent à la réussite du long et patient travail de "pacification" entrepris par l'armée française dans la région de Tagab et pas à une victoire de communication des Taliban.



La Legion parle aux Français !

Cher ami,

La nouvelle tombe dans les media aussi vite qu’Hutnik est lui-même tombé. C’est le droit à l’information. La France doit savoir que meurent ses enfants, même s’ils le sont d’adoption, comme lui, Slovaque.

Tu le sais, je ne suis pas journaliste mais soldat. Je ne suis pas un professionnel de la communication comme toi. J’ai peu appris à relayer des informations d’une telle portée. C’est pourquoi il faut que tu m’aides. Il faut que tu m’aides, car j’ai le sentiment que dans la précipitation du spectaculaire, on le tue une deuxième fois. J’ai l’impression qu’on bafoue son patient travail avec son bataillon depuis trois mois - et pour lequel il est mort.
J’ai besoin que tu m’aides à faire sentir ce qui se passe réellement ici, à faire comprendre ce qui justifie que je laisse ma femme et mes enfants le long temps de cette mission. Que tu m’aides à proclamer que malgré sa mort ce n’est pas un échec. Que tu m’aides… plutôt que tu l’aides…

Hier après-midi, Hutnik a bravement accompli son devoir, sa mission jusqu’au bout, en bon légionnaire. Ce matin, le poste annonce : « un soldat français du 2ème Régiment étranger de parachutistes est tombé dans la vallée de Tagab en Kapisa, région où les Taliban sont toujours plus virulents ». Voilà. Ces derniers ont gagné. A la face du monde ils sont les puissants, incontrôlables et vainqueurs.

Mais en fait, s’est-on interrogé sur ce qu’il se passe réellement dans la basse vallée de Tagab ? Ce sud Tagab où aucun occidental ne pouvait passer sans de sérieux accrochages. Ce sud Tagab où deux de tes confrères ont été, il y a cent jours, enlevés. Ce sud Tagab que notre armement permettrait de mettre à feu et à sang.
Au contraire, Hutnik et ses camarades ont réussi l’incroyable pari de s’implanter dans la zone, d’y rester, sans heurts, d’y acquérir, progressivement, la confiance de la population, de confier, petit à petit, sa sécurité à l’armée Afghane plutôt que française. A quel prix ? Celui d’une stricte discipline au feu, d’une retenue des coups portés. Celui d’un certain dédain du danger, de ne pas répondre systématiquement et de manière aveugle. Accuser le choc, ne frapper que lorsqu’on est certain, cogner peu, mais taper à coup sûr, fort et ciblé, seulement alors qu’on l’a décidé. Etre sûr pour garder la main, préférer le feu rare mais précis, neutraliser seul celui qui nous tire dessus, en être persuadé et l’accepter.
Ce travail de mesure, de patience d’un Hutnik rongeant son frein à force d’encaisser paie. Les femmes et les enfants, les hommes eux-mêmes, constatent que les seuls coups assenés ne tombent que contre les vrais adversaires. Ils voient nos troupes sans volonté de détruire, maîtresses de leur force.
Alors qu’elle trouvait hier des combattants, Tagab l’insoumise cherche à présent son développement. Le travail du soldat est loin d’être terminé : il faut remonter plus au Nord vers ses camarades de l’autre groupement français, poursuivre son patient travail de pacification.

Derniers tirs sporadiques, Hutnik tombe. Hutnik tombe sous les tirs des derniers groupes insurgés présents. Hutnik tombe car les Taliban sont justement de moins en moins virulents.

Aussi, aide-moi à honorer la mémoire de cet ardent légionnaire. Qu’on ne gâche pas sa dernière tâche, qu’on ne gâche pas sa mort. Qu’on n’offre pas une victoire de communication à l’adversaire fébrile. Au contraire, avec tes confrères, appuyez le dernier combat d’Hutnik. Aidez cette population qui désormais, d’elle-même, dénonce l’insurgé. Je vous en conjure, parlez des projets d’essor qui peuvent et doivent être proposés au sud Tagab, évoquez la culture du safran qui pourrait remplacer celle du pavot, venez compléter l’œuvre de pacification par celle du développement…

… et laissez à Hutnik les fruits de son travail.

A...

à Tora, le 09 avril 2010

Voir l'originale publiée sur le site Memoire des vies



1.Posté par Jacques le 04/05/2010 21:21

Bon courage à tous nos soldats là bas, tenez bon !

2.Posté par hugo le 01/01/2012 01:47

bonjour, je te comprend,d'avoir donner du sens et de la communication, et voir cela...
c'est un peu déplorable, je ne suis que peu sur cette terre, mais je transmet mes pensées a ton camarade a toi même et tes opérationnels.
soyer de retour, bonne mission.

3.Posté par tonerrezeus le 14/01/2013 11:38

bonjour a tous et toutes, observations , missions, mais surtout soyer de retour pas de risque inutile, force et honneur a tous et toutes opérationels je vous souhaite le repos au retour.

4.Posté par GREGOIRE Christelle le 15/01/2013 08:43

Bonjour à tous et à toutes,
Bon courage à vous tous et revenez-nous tous
Nous pensons à vous

5.Posté par tonerrezeus le 28/01/2013 20:02

force et honneur, solidité moral, repos et retour au bercail, une grande période de repos sera apréciable a tous et toutes.
salutation moi.

6.Posté par hugo le 08/05/2013 00:01

bonne missions, récupération et retour au nid.

7.Posté par tonerrezeus le 17/06/2014 10:20

force et honneur qui est votre fonction, rentrée entier si possible malgré le merdier de certaine mission.
visiter: radioamateur-boite.blog4ever.com pour changer des missions.

8.Posté par tonerrezeus le 25/04/2015 20:42

honneur est ton salue, l'union fait la force et la solidité en touts points.
mission et retour.

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