Soldats de France - Association Nationale de Soutien à nos Soldats en Opération (ANSSO)

31/03/54 - ADJ Abdallâh BEN AHMED (38 ans) 4eme RTM



31/03/54 - ADJ Abdallâh BEN AHMED (38 ans) 4eme RTM
Saïmi Abdallâh Ben Ahmed est né en 1916 au Douar Tagrourt au sein de la tribu marocaine des Beni Azra. Doté d’une grande force physique et d’un courage sans faille, il effectue son service militaire au sein des « Goums », alors que l’Europe entre dans la seconde guerremondiale. En février 1940, en adéquation avec son tempérament, il choisit la carrière des armes et signe son premier contrat
d’engagement au sein du 103e Goum.

Demeurant au Maroc jusqu’en 1942, il poursuit sa formation, en attendant l’heure de la revanche. Le
8 novembre de cette année, les alliés débarquent en Afrique du Nord. C’est l’opération « Torch » et le début de la campagne de Tunisie. Six mois plus tard, les forces germano-italiennes capitulent. Le corps expéditionnaire français (CEF) prépare alors, en Afrique du Nord, le débarquement prochain en Europe du Sud. Le 22 août 1943, Abdallâh Ben Ahmed, au sein de son unité, rejoint le CEF à Oran, où il s’entraîne pendant quatre mois.

Le 2 janvier 1944, le jeune goumier, alors affecté au 3e Groupe de Tabors Marocains (3e GTM) débarque à Naples. Le 22 mai au lendemain de la victoire du Garigliano, dans le région de Pico, Saïmi Abdallâh Ben Ahmed se distingue par son allant et son mépris total du danger lors de l’attaque de la cote 728. Assurant les missions de liaison entre sa section et un groupe de mitrailleuses amies, il évolue sous un feu nourri d’artillerie et d’armes automatiques sans jamais faillir à sa tâche. Soldat d’une grande valeur, il est cité à l’ordre du régiment.

Fin juillet 1944, son unité rejoint le 2e GTM en Corse. Le 25 août, au sein du 83e Goum du 3e GTM,
Abdallâh Ben Ahmed débarque à Sainte Maxime. Après la libération de la Provence, il progresse à travers la vallée du Rhône pour atteindre le Jura puis les Vosges. L’adversaire y est décidé à défendre avec acharnement l’accès à l’Allemagne. Fort de son expérience, Abdallâh Ben Ahmed sait  parfaitement mener l’assaut et accumule les succès. Mais le 10 octobre 1944, lors de la conquête du col du Xiard au sud de Remiremont, il est grièvement blessé sur la cote 540 alors qu’il met son fusil-mitrailleur en batterie. Cité à l’ordre de la division pour sa bravoure, il est évacué le jour même. Un an plus tard, remis de ses blessures, il quitte la France à destination d’Oran, pour servir, en l’espace de quatre mois, au goum de Fès, puis au 34e goum et enfin au 56e goum.

Volontaire pour partir en Extrême-Orient, il rejoint le 8e régiment de tirailleurs marocains stationné à
El Hajeb le 22 mars 1947. Débarqué à Saïgon le 1er mai, il intègre aussitôt le 4e régiment de tirailleurs marocains.
Le 9 juin, dans le massif montagneux de Chan-Chan, face à un adversaire retranché et supérieur en
nombre, Abdallâh Ben Ahmed, s’élance courageusement par trois fois, sous un feu violent, afin de récupérer l’arme d’un camarade tué. Atteint par un éclat de grenade, il est contraint d’abandonner. Son courage est unanimement salué et il est cité à l’ordre du régiment. Ses supérieurs n’hésitent plus à lui confier d’importantes responsabilités. Il est promu sergent le 1er juillet 1947.

Excellent chef de groupe, il entraîne ses hommes par son exemple et se distingue à de nombreuses
reprises. Ainsi le 12 décembre 1947 à Thoi Hoa, il donne l’assaut, abat plusieurs adversaires et récupère une
arme. Il est cité à l’ordre de la brigade. Puis le 5 février 1948 près de Duc Hoa en Cochinchine, il s’élance à
la tête de son groupe contre un ennemi solidement retranché et bien armé. Il détermine alors par une habile
manoeuvre le repli des éléments adverses, les obligeant à laisser sur place de nombreuses armes et munitions.
Sous-officier de très grande qualité, il est décoré de la médaille militaire avec attribution de la croix
de guerre des TOE avec palme. Le 6 décembre de cette même année, le sergent Abdallâh Ben Ahmed est cité à l’ordre de la division pour avoir mis en fuite une bande, en progressant à travers un marécage de la région de Gia Thuan en Cochinchine, et ce sans aucune perte. Le 10 mai 1949, dans la région de Binh-Han il surprend un groupe en embuscade. Il est de nouveau cité à l’ordre de la division. Enfin le 2 juin 1949 à Ap My Qui, il est cité à l’ordre de l’armée pour son action qui permit au bataillon d’infliger une lourde défaite au viêt-minh. Totalisant huit citations dont deux palmes, ce vieux guerrier marocain, toujours égal à lui même dans les situations les plus graves est nommé sergent- chef le 1er mars 1950.

Mais le combat se durcit face à un ennemi toujours plus menaçant. Le 4 octobre 1951, le sergent-chef
Abdallâh Ben Ahmed fait une fois de plus l’admiration de tous à Thaï Binh au Tonkin où il assure courageusement la transmission des ordres du chef de bataillon sur tout le front malgré les tirs violents de l’adversaire. Cité une fois de plus à l’ordre de la brigade, il accomplit un nouvel exploit le 20 janvier 1952 au cours de l’attaque du village fortifié de Do-Quan, faisant preuve d’un admirable sang froid au combat. Il est cité pour ses magnifiques qualités de chef de guerre à l’ordre de la division et est promu adjudant le 1eroctobre 1953.Mais sa baraka légendaire va bientôt l’abandonner. Le 31 mars 1954 lors des terribles combats du camp retranché de Dien Bien Phu, il trouve glorieusement la mort lors d’une contre attaque sur Eliane 2.

Sous-officier d’exception, l’adjudant Abdallâh Ben Ahmed, onze fois cité, figure emblématique des
tirailleurs en Indochine, reste un magnifique exemple de service, de bravoure et de dévouement.